• "-Je crois pas que Dieu t'entende. Etant donné la situation...

    -Dieu est toujours à l'écoute, me répond sa voix affectée, qui semble flotter dans l'atmosphère peu conviviale du dortoir, tel un roseau ployant mais ne cassant pas sous la brise. Il est partout.

    Ma vessie se tord de nouveau, et cette fois, je cède à mon envie et repousse les couvertures. Les lattes du plancher sont froides - je me demande bien dans quel fichu état sont les genoux d'Ashley - mais je ne mets pas chaussons. Je ne suis pas un grand-père.

    -Alors prier n'a aucun sens, déclare Louis d'un ton neutre.

    Son lit est le plus proche de la porte et le garçon regarde le plafond, les cheveux en bataille. Il gesticule en parlant bien qu'il soit allongé. 

    -Parce que si ton Dieu est partout, alors il est aussi en toi, et par conséquent, tu devrais pouvoir communiquer avec lui par l'esprit. Votre échange pourrait durer toute la nuit sans qu'on entende le moindre soin. Mais bien sûr, il n'y a absolument aucune preuve de l'existence d'une forme supérieure quelconque, ni qu'on soit plus qu'un amas de cellules et d'eau. Donc ton Dieu sort tout droit de l'imagination de quelqu'un, et toi, tu as adopté cette invention. En fait, tu perds ton temps."


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  • "Emoticône. Le nom est aussi vulgaire que la chose. Je hais ces trucs de faignants. Au lieu d'exprimer un sentiment, on l'expédie. On appuie sur une touche et tous les sourires du monde sont pareils. Les joies, les doutes, le chagrin, la colère, tout à la même gueule. Tous les élans du coeur se retrouvent réduits à cinq ronds hideux.

    Putain, quel progrès..."


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  • "Alors lis bien ce que j'écris, salaud de père immonde, qui viens de faire ça à ta petite fille, à ton bébé, au petit trésor que tu berçais, que tu baladais dans une poussette, que tu prenais sur tes genoux pour lui faire des bisous. Qui t'adorait. Qui trouvait formidable de se pelotonner contre toi, de mettre son nez dans ton cou. De sentir ta main dans ses cheveux. C'était l'amour paternel, le vrai. Regarde bien ce que tu en fais, salopard. Aujourd'hui je peux reprendre la voix de mes douze ans et demi, pour te raconter ce que m'a fait ce père, cette nuit-là, en 1982, en juillet, en été. Pendant que ma mère dormait, que ma petite-soeur et mon petit-frère dormaient, que le monde entier dormait tranquillement sur ses deux oreilles. Je veux que tu voies les gestes, comme je les ais vus. Et que chacun te rentre dans le ventre comme un couteau. Que ça te tue des millions de fois."


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