• "Emoticône. Le nom est aussi vulgaire que la chose. Je hais ces trucs de faignants. Au lieu d'exprimer un sentiment, on l'expédie. On appuie sur une touche et tous les sourires du monde sont pareils. Les joies, les doutes, le chagrin, la colère, tout à la même gueule. Tous les élans du coeur se retrouvent réduits à cinq ronds hideux.

    Putain, quel progrès..."


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  • "Alors lis bien ce que j'écris, salaud de père immonde, qui viens de faire ça à ta petite fille, à ton bébé, au petit trésor que tu berçais, que tu baladais dans une poussette, que tu prenais sur tes genoux pour lui faire des bisous. Qui t'adorait. Qui trouvait formidable de se pelotonner contre toi, de mettre son nez dans ton cou. De sentir ta main dans ses cheveux. C'était l'amour paternel, le vrai. Regarde bien ce que tu en fais, salopard. Aujourd'hui je peux reprendre la voix de mes douze ans et demi, pour te raconter ce que m'a fait ce père, cette nuit-là, en 1982, en juillet, en été. Pendant que ma mère dormait, que ma petite-soeur et mon petit-frère dormaient, que le monde entier dormait tranquillement sur ses deux oreilles. Je veux que tu voies les gestes, comme je les ais vus. Et que chacun te rentre dans le ventre comme un couteau. Que ça te tue des millions de fois."


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  • "Trois jours... Quatre jours... Cinq jours déjà que cela durait... Ah ! ces tirs d'obus dont on ne pouvait prévoir de quand ni pourquoi ils commençaient puis s'arrêtaient !... Affreuses heures vécues dans l'angoisse de voir, qui sa maison éventrée, qui ses enfants blessés... Comment n'aurais-je pas, moi aussi, tremblé pour notre logis, ce havre de bonheur que ma mère avait amoureusement reconstitué à Mafeking où elle nous croyait à l'abris de tout danger ? 

    <<Il suffirait d'un obus...d'un seul...>> me disais-je.

    Cela me rendait nerveux et fort soucieux, mais je n'en voulais rien laisser voir."


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  • "Quand la machine s'arrête, nous le regardons tous, couché à plat ventre sur elle, collé, presque aussi immobile. Pendant un terrible instant, j'ai peur qu'il ne la suive volontairement, qu'il s'enfonce sur le même chemin ténébreux. Je le caresse, de la tête à l'échine, et il lève les yeux vers moi. J'entends Edie pleurer doucement derrière moi, et je ne veux pas me retourner vers elle, parce que je sens que si je la regarde, je vais craquer aussi.

    -Je n'ai jamais vu ça, dit Lydia.

    La lumière a beau être basse dans la chambre, je vois des larmes briller dans ses yeux. J'accroche son regard.

    -Merci.

    Au moment de sortir, elle se tourne vers nous.

    -Vous êtes qui, en fait ? 

    Mais elle n'attend pas que je lui serve mon petit mensonge, elle fait un mouvement de tête qui signifie : "Ça n'a pas d'importance", et elle s'en va."


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